La puissance algorithmique de la bêtise humaine: Trump, Hanouna, les pains au chocolat…etc…

Il en est de la politique comme de la télévision.

Je ne regarde pas la télévision. Mais je suis les réseaux sociaux du web. Et c’est par leur intermédiaire que je connais par le menu les pires détails de toutes sortes d’émissions de télé qui ont l’air plus lamentables les unes que les autres. Je peux même vous citer le nom de chroniqueurs des émissions de Cyril Hanouna, alors que je ne les ai jamais regardées. « Mariés au premier regard », cette remise au goût du jour du mariage arrangé, n’a pas de secret pour moi, alors que je n’ai aucunement l’intention de me jeter sur ce programme. Les médias un peu plus intellos que je suis sur les réseaux sociaux, comme Libé ou les Inrocks, diffusent beaucoup d’articles critiques pour dénoncer les dérives de ces émissions, leur vulgarité, leurs épisodes scandaleux: cette femme embrassée malgré elle sur un plateau, ce sociologue misogyne … On clique pour savoir: ces énormités, c’est scandaleux, soyons vigilants, alors vérifions, regardons de plus près un peu ce qui se passe sur ces chaînes. On clique sur l’article, on clique sur les liens vidéos pour voir si réellement de telles choses ont bien pu arriver sur un plateau de télé.

Ce qui est encore dix fois plus incroyable, quand j’y pense avec un peu de recul, c’est que je suis la première à relayer les images des titres misogynes qui traînent sur le site de ce sociologue de M6, tellement ça m’énerve qu’un tel personnage soit présenté comme un scientifique fiable sur une grande chaîne. Pour les dénoncer. Soit. « Indignons-nous » comme disait l’autre. C’est très bien. C’est d’ailleurs l’un de mes penchants naturels, je n’ai pas à me forcer.

Mais finalement, je les relaie, ces conneries, moi aussi. Et finalement; c’est tout ce qu’ils cherchent. Dans ma façon d’utiliser les réseaux sociaux, quelle place je donne en comparaison de toutes ces bêtises aux émissions intelligentes (par exemple les rares émissions littéraires qui subsistent à la télé…)? Ce qui prend de la place, ce sont finalement les propos les plus grossiers, les plus énormes.

Et réfléchissons un peu à ce qui est en train de se passer dans le domaine politique. Je trouve que c’est assez comparable. Donald Trump a tellement bien occupé le terrain avec ses énormités, ses affirmations clownesques, qu’on a beaucoup plus parlé de lui que d’Hillary. Et hop, il dit une énormité, et hop: combien de clics partout dans le monde?

En France, quels sont les événements notables sur les réseaux sociaux de notre pré-campagne présidentielle: une histoire de pains aux chocolats et de frites à la cantine? Vraiment?

Nous sommes les premiers à conforter les algorithmes puissants de la connerie, qui lui permettent d’occuper tout l’espace. Je crois sincèrement qu’il faudrait qu’on arrête de faire de la publicité paradoxale à tous ces clowns. C’est l’un des ressorts souterrains de l’élection de Trump. La course aux clics des médias, qui joue sur nos propres penchants naturels, cette curiosité malsaine pour le sordide, ou même paradoxalement notre volonté honorable de nous révolter, tout ça ne permet plus aux projets positifs, à l’intelligence de rayonner.

Alors maintenant, je vous préviens: j’essaie de moins cliquer sur ce qui me révolte,  je tente une sorte d’embargo médiatique de la bêtise, et je vais essayer de plus partager ce qui, au contraire, m’intéresse. Et si chacun, à son petit niveau, essayait de renverser la tendance?  Bah, pour cet article, déjà, c’est raté: j’ai cité uniquement des exemples bien médiocres….

trump

(Ah oui, je sais… ici on est sur un blog de prof, et d’habitude j’y parle d’enseignement, mais qu’une prof réfléchisse à la façon de fonctionner des médias, c’est plutôt bon, même pour ses élèves, non?)

Une réflexion sur « La puissance algorithmique de la bêtise humaine: Trump, Hanouna, les pains au chocolat…etc… »

  1. Angélique Condo

    Chère Madame,
    Je vous rencontre ici, de clic en clic, sur la piste de Céline et la multiplication des petits bouquins.
    J’aime vos indignations salutaires, vos coups de gueule, et votre mine de ressources pédagogiques. J’aime suivre les débats de La Bruyère, Perrault et Boileau sous la plume de vos élèves en mode like.
    Alors oui au clic positif. Je vous partage de ce pas, chère Madame.

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