Les antiperles du bac, saison 2

Correcteur, si toi aussi, tu en as marre qu’on prenne les élèves pour des imbéciles, participe aux « antiperles du bac »!  L’année dernière, je lançai cet appel spontané sur Twitter à la toute fin des corrections du bac en proposant aux collègues volontaires de consigner les éclairs de génie des jeunes bacheliers sur un mur collaboratif. Cette démarche a connu un certain succès, alors je vous propose de la renouveler cette année.

Il n’est pas question d’idéaliser le « niveau » des élèves, mais face aux discours caricaturaux et déclinistes du fameux « nivokibaisse » je pense qu’il est très important de montrer combien les jeunes d’aujourd’hui sont capables aussi de brio, d’inventivité. Je n’ai rien contre le repérage en soi des perles du bac traditionnelles, qui peuvent être drôles, attendrissantes- et qui parfois révèlent même une forme de génie paradoxal. Ne soyons pas les ennemis de l’humour. L’ennui, c’est que ces fameuses perles s’accompagnent souvent de ricanements méprisants, et qu’on en profite pour déprécier l’ensemble d’une génération, qui a déjà beaucoup de sujets d’angoisse – l’obtention du diplôme, et les résultats de Parcoursup n’en étant que les plus visibles.

Quand j’étais élève, moi-même -qui approche doucement de la cinquantaine- j’entendais chaque année certains enseignants nous répéter que nous étions les pires élèves qu’ils avaient jamais eus, que décidément, le niveau était bien bas, qu’ils n’avaient jamais vu autant de fautes dans des copies… Avouez-le: n’avez-vous vous-même jamais entendu ces discours lorsque vous étiez élève? On peut tout de même se demander d’où vient ce besoin irrépressible, chez certains adultes, de mépriser les plus jeunes. Est-ce que véritablement, ce type de propos, aux fondements objectifs assez douteux, peut faire avancer les choses et aider les lycéens?

Pépites poétiques, tirades brillantes, paragraphes inspirés…. Nos copies ou nos oraux recèlent de vrais trésors d’inventivité, qui restent cachés. Depuis des années, nous ne dévoilons au public que les pires erreurs des élèves: c’est injuste. En respectant l’anonymat, pourquoi ne serait-il pas aussi légitime de citer leurs éclairs de génie?

En tant qu’enseignants, nous avons la responsabilité chaque année d’accompagner des jeunes vers le bac et nous pouvons nous inquiéter des discours médiatiques qui tendent à le dévaloriser – autant que les élèves- en montant en épingle quelques gaffes, plus ou moins authentiques, parfois réchauffées d’une année sur l’autre, en les brandissant comme des preuves irréfutables d’un système éducatif déliquescent. C’est un exercice très facile. D’ailleurs j’étais presque tentée de faire une collection des messages sur internet déplorant le niveau des lycéens pour montrer à quel point ces messages d’adultes sont eux-mêmes saturés de fautes. Mais décidément, le dénigrement n’est pas mon fort… Alors je lance ce nouvel appel: vous les collègues – qui comme moi, commencez à récupérer vos copies à corriger- participez à la saison 2 des antiperles du bac sur ce nouveau mur collaboratif:

Rendez-vous dans une dizaine de jours pour lire ensemble les premières récoltes d’antiperles. Le challenge serait de les publier et de reverser les éventuels bénéfices à des associations de lutte contre le décrochage scolaire.

 

 

 

 

 

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